En ce moment, se tiennent les élections au Comité d'administration de la Wikimedia Foundation (qui gère donc les projets comme Wikipédia). Bien que je n'aie pas à m'exprimer sur les candidats et
leurs professions de foi, certaines questions générales me viennent quand même à l'esprit.
Quid des non-anglophones ?
Ou plutôt, quid des gens dont la langue maternelle n'est pas l'anglais ? De fait, et bien que les projets anglophones soient (de loin) ceux qui proposent le plus de contenu
1, mais pas
forcément la plus grande qualité, les projets wikimedia sont également multi-culturels, et multilingues (y compris pour des langues artificielles comme l'esperanto). On peut ainsi se rendre
indifféremment d'une version en français d'un article à ses versions dans d'autres langues (lorsqu'elles existent), et les utiliser aussi pour enrichir l'article initial
2. D'ailleurs,
il est assez amusant de voir que les points mis en valeur sur tel ou tel article ne sont pas forcément les mêmes selon les langues (et donc les cultures) abordées, y compris dans des cultures
proches.
C'est un point qui est, selon moi, essentiel au succès des wikipedia : pouvoir véhiculer le savoir dans sa langue propre. On pourra y "opposer" la diffusion par une langue "de travail", comme
l'anglais pour l'économie et les sciences, le français pour la diplomatie (encore que, cela appartient de plus en plus à un passé révolu), ou, à une certaine époque, le latin pour la religion et
le reste d'ailleurs
3. Mais il reste que bien que la langue puisse être commune, la culture ne l'est pas. Hors, ce qui est inquiétant pour le moment et pour la fondation, c'est que les
Nord-américains sont sur-représentés dans les candidats (et par conséquent, seront sur-représentés dans le Comité). Et, en bon francophone ayant subi l'influence culturelle gauloise forcément, je
pense que des communautés puissantes (wikimediatiquement parlant) comme la francophone, la germanophone, l'hispanophone ou la japanophone
4 sont bizarrement très absentes. Pas de
candidat réel émanant de ces communautés, et donc aucun moyen de faire apparaître les divergences clairement et de les résoudre. Sauf bien sûr à imaginer des consultations régulières.
Quid des réunions et déplacements ?
Ceci expliquant cela sans doute, il faut pouvoir envisager des réunions au siège, c'est-à-dire sur le territoire des Etats-Unis d'Amérique. Sans parler des problèmes de visa possibles, tout
voyage a un coup, et cela m'étonnerait beaucoup que la carte 12-25 de la SNCF marche pour des transatlantiques ou transpacifiques, selon les circuits. Et la WMF étant ce qu'elle est, c'est-à-dire
le support financier de ses projets, il est préférable bien sûr qu'elle investisse ses fonds dans l'indispensable, et donc privilégie les téléconférences. Ce qui n'est pas toujours l'idéal.
Rajoutons le coût temporel des déplacements et financiers particuliers. Sans parler du travail, quand on en a un (c"est inenvisageable pour l'étudiant ou le citoyen lambda).
La localisation du siège favorise donc, de facto, les candidats nord-américains. Sauf à envisager la tenue des réunions dans différents pays. Il paraît que l'Auvergne, c'est joli. Ou Toulouse. Si
on imagine cela en France.
Quid des chapites locaux ?
Question ouverte et non résolue. Les chapitres sont un moyen de représentation de la communauté mondiale, mais pas vraiment LE moyen dans l'absolu.
Quid du Quid ?
Contrairement à ce que pourrait être pensé par certaines personnes, on n'en parle pas ici.
Et il reste plein d'autres questions ...
1. A l'exception notable du Wiktionnaire francophone.
2. J'en avais parlé dans un autre billet.
3. Oui, c'était bien avant wikipédia, voir bien avant internet. Un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître.
4. Je prie mes lecteurs étrangèrophones n'appartenant à aucune de ces communautés de bien vouloir m'excuser de ne pas les citer. Par contre, je suis à la recherche d'adaptateurs/traducteurs pour
d'autres versions de ce blog : Peter the reviewer for wikilaugh, Pedro el Critico para wikireir, etc.