Comme vous le savez peut-être, la
Wikimedia Foundation a lancé il y a quelques temps une campagne de récolte de
dons
1 pour soutenir Wikipédia (entre autres). Fort bien, c'est sans doute une excellente chose pour que
les projet
s de la Wikimedia Foundation (WMF)
puissent survivre à la crise, ou plus prosaïquement continuer à vivre. Contrairement à ce que le grand public peut croire (naïvement), un site, ça a un coût. Et pas de l'ordre de quelques
dizaines d'euros par an, si le site en question est "gros"
2.
Hélas, il semblerait que bien que les projets Wikimedia dont les Wikipedia constituent les produits phares n'aient pas attiré (malgré la bienveillance de Michel Serres
3) autant de généreux donateurs qu'espéré. Il y a sans doute de bonnes raisons à cela (j'en parle souvent, au final), mais cela n'arrange pas les affaires de la WMF. Et pour
pallier ce petit souci, Jimmy Wales, dit Jimbo,
fondateur de Wikipedia entre autres choses, s'est fendu d'une petite lettre ouverte
[en] [fr]. Pourquoi pas ?
Mais voilà il y a quelques petites choses qui me dérangent, dans cette lettre, en fait ... Alors, je vais les énoncer rapidement :
- on peut lire, dès la première phrase (en version française), ceci : "Aujourd'hui, je vous propose de soutenir Wikipédia en faisant un don". Je trouve assez fort de café
d'occulter tranquillement les autres projets de la WMF4 qui, bien qu'ayant un public plus restreint (car moins ... ludiques, ce qui n'est pas forcément une
mauvaise chose) n'en sont pas moins intéressants. D'ailleurs, j'aimerais bien qu'un contributeur de ces projets vienne ici en parler ... A voir. En tout cas, ce n'est guère rassurant
pour ces projets qui n'ont pas forcément de bienveillance à attendre des communautés wikipediennes5.
- on peut lire également ceci, qui est reprise telle une devise : Imaginez un monde dans lequel chaque personne a un accès libre à la somme des connaissances humaines. C'est ce à quoi
nous aspirons. C'est pour le moins une faute de goût. Pour disposer d'un libre accès à la connaissance humaine (souvent très relative) en ligne, il faut tout d'abord le pouvoir,
c'est-à-dire savoir lire et écrire tout d'abord, puis pouvoir disposer d'une connection internet. C'est assez flagrant dans un cas comme celui de l'Inde pour lequel Jimmy Wales déplorait le peu de rédacteurs, en oubliant
joyeusement que malgré une population très importante (plus d'un milliard d'individus) l'Inde n'est pas franchement un pays économiquement développé (126e place mondiale pour l'IDH, ce qui relativise quelque peu
les choses). Que Wikipédia soit un vecteur très important de communication des connaissances soit, mais pas le premier à assurer (malheureusement, dans un sens).
Quant à l'hostilité fondamentale à la publicité, je vous renvoie
chez Poulpy, qui en avait parlé il y a un certain temps. C'est assez
"drôle" de voir ça si l'on compare avec sa disparition (celle de la publicité, pas celle de Poulpy) sur le service public de télévision en France qui suscite (qui a suscité ?) quelques levées de
boucliers en raison de la suppression des fonds générés. Un grand débat, donc.
P.S. : j'ai l'impression que mon billet est un peu casse-ambiance dans cette période de fêtes ...
1. Les campagnes de récolte de fonds, c'est régulier. J'en parlais un peu ici,
mais pas du tout là, malgré le titre.
2. Je simplifie à l'extrême : je sais que l'on parle de plusieurs sites en plusieurs langues pour plusieurs projets.
3. Un philosophe connu, et académicien français. Mais hélas, quand on contredit qui-on-sait, on devient moins bon. D'un
coup. D'un seul. Comme c'est étrange. En tout cas, c'est ce que j'ai pu lire ici. Google sait se montrer cruel,
parfois.
4. Wikibooks, Wiktionnary, Wikisource, Wikiquote, Wikinews, Wikiversity, Commons, etc.
5. Et la communauté francophone n'est pas vraiment une
exception, au contraire.